La communication non violente
À la veille d’un Conseil d’Administration qui équivaut à une séance de réflexion, de rencontres et d’élaboration, l’évocation de cette approche relationnelle, pratiquée formellement par l’un d’entre nous, a paru intéressante à présenter.
En survolant des pages expliquant cette forme de communication, le lecteur tombe inévitablement sur une opinion maintes fois signifiée : il n’y a pas d’études scientifiques qui prouvent l’utilité et l’efficacité de la méthode. C’est exactement l’argument opposé à toute innovation qui dérange l’organisation établie. Pour parodier Watzlawick, c’est « l’ultra-argument » servi par les interlocuteurs institutionnels rencontrés à ce jour.
Nous pouvons cependant remarquer que la communication non violente, qui est d’abord une attitude relationnelle, donne de meilleurs résultats que les réactions épidermiques ou les opinions péremptoires et définitives. Ainsi, nous avons adressé à la Revue de la Société d’Addictologie, dont les critères de sélection des articles, sont logiquement scientifiques et centrés sur les addictions, une présentation d’un ouvrage « Les arrogants », publié chez Dunod, par Sophie de Mijolla-Mellor. Nous avons eu un premier retour de la Rédaction indiquant que le texte ne serait pas retenu car étranger à la ligne éditoriale. Nous avions accueilli cette attitude en disant que nous la comprenions. Moins d’un mois plus tard, nous avons reçu une page de présentation de cet ouvrage au sein de la revue de la SFA, à côté de deux autres, dont un de Laurent Karila, à propos des idées reçues sur les addictions. Comme quoi. Peu de temps auparavant, nous nous étions permis, avant la tenue des journées d’alcoologie de Mars de la SFA, organisées avec le concours de la revue, de proposer un texte présentant notre point de vue sur « les déterminants de l’efficacité thérapeutique». Le principe même de cet article aurait pu être jugé inacceptable. Il n’en a rien été. Des remarques de forme ont été émises et l’article devrait être publié dans un prochain avenir dans la revue, ce qui contredit l’opinion d’une revue fermée à ce qui vient d’une réflexion issue de la pratique clinique. Il faut prendre le risque de déplaire pour ouvrir l’autre à ses propres déductions, même si elles n’ont pas fait l’objet d’études « multicentriques » et « randomisées ».
Les trois valeurs principales avancées par le fondateur de la Communication NonViolente (label officiel) sont l’empathie, l’authenticité et le sens des responsabilités. L’idée est de communiquer avec l’autre sans lui nuire. Cela me fait penser à une réflexion de Jean de la Fontaine, plus restrictive : « Il est bon d’être charitable, le point est de savoir avec qui ».
Marshall Rosenberg – un nom qui n’est pas sans évoquer les heures sombres du Maccarthisme − illustrait sa méthode en opposant le chacal et la girafe. Dans notre imaginaire, nous faisons plutôt place aux fourmis et à l’escargot. Les premières ont besoin d’un chemin pour le suivre, le second avance toujours lentement mais d’autant mieux que le sol est humidifié par de la bienveillance et de la bonne volonté partagées.