Etapes
En cette journée d’arrivée du Tour de France à Peyragudes, le titre n’a rien d’original. La montagne évoque, pour nous, l’alcoologie clinique : elle est riche de tournants, parfois piégeux, avec des étapes plus ou moins agréables, et des fins d’étapes qui permettent de reposer les corps endoloris.
Depuis des mois, l’AREA poursuit sa progression sur une route irrégulière, parfois accidentée, avec des risques de chute. Chaque progression donne la mesure de ce qui reste à parcourir.
Nous avons, ce mois-ci, mené à bien un objectif incontournable : la réalisation de petits dossiers destinés à la communication.
Il nous était demandé quelle était notre position en matière de prévention. Nous avons répondu par deux fiches : une brève, une autre un peu plus détaillée.
Nous souhaitons vivement accroître notre fonction de structure d’accueil pour les étudiants et les professionnels soucieux de se rapprocher de personnes en difficulté » avec l’alcool, mais, cependant, en démarche de liberté. Nous avons clarifié les conditions de cet accueil, en étant conscients que nous n’avons fait qu’entrebâiller une porte. Nous essaierons de développer ce type de partenariat intellectuel avec les Universités qui le souhaiteront.
Sue la foi d’un courrier, prolongeant un souhait, nous avons l’espoir de nous intéresser aux souffrances des soignants, en participant à une réflexion menée par l’Ordre des Médecins.
Les statuts de l’AREA et du C3A ont été réfléchis, discutés, lus, relus. Ils peuvent être déposés, à présent. Des contacts ont été pris pour fournir un Conseil d’Administration indépendant des soignants et des aidants, mais, cependant, en étroite synergie avec eux. La fonction du Direction du soin s’en est dégagée naturellement car il est clair pour nous que la gestion soit être soumise aux priorités cliniques et à un fonctionnement synergique de l’ensemble de l’équipe. C’est le premier impératif que nous reconnaissons à la rigueur budgétaire.
Une réflexion pratique et formelle a été menée, à cet effet, autour du budget prévisionnel, avec sa traduction comptable, ésotérique pour le profane. L’enjeu de cet axe est de se donner les moyens d’un accompagnement satisfaisant. Un budget devrait être compréhensible pour tous pour exercer sa fonction politique. Nous avons distingué, dans ce but, ce qui était incompressible, nécessaire et souhaitable.
La supervision des équipes soignantes est une nécessité qui exige des moyens, tout comme l’information numérisée nécessite du temps, qui est aussi de l’argent.
L’actualité met en avant le phénomène de la fabrique des consultations fictives ou bâclées (plus de 100 facturées dans une journée par un généraliste toulousain) grâce au tiers-payant généralisé et à la carte vitale qui l’autorise. Cependant, en alcoologie, n’a-t-on pas contingentée « l’intervention brève et précoce » pour aborder la question des dépendances à 3 minutes, et le désormais célèbre « entretien motivationnel », cher aux TCC (thérapies cognitivo-comportementales), à 7 minutes ? Les Pouvoirs publics ne laissent-ils pas se développer une médecine à deux vitesses en payant le même prix un renouvèlement d’ordonnance et un entretien d’une heure ? …en autorisant des dépassements d’honoraires qui pénaliseront la masse des gens, ceux qui travaillent précisément, sans disposer de revenus financiers ou de la CMU ?
Jusqu’à quand faudra-t-il assurer des séances de groupe et des ateliers, des entretiens d’écoute et d’interactions sans couverture sociale règlementée ? Comment prendre financièrement en compte l’indispensable temps d’organisation et de culturation permanente ? Autorisera-t-on les soignants à responsabiliser les patients, à les sortir de la logique d’assistanat et de consommation désinvolte de leur temps, de leurs compétences et de leur énergie ? L’apport de bénévoles effectuant un travail sur eux-mêmes sera-t-il enfin reconnu en dehors de bonnes paroles de circonstance ?
La recherche d’efficience est un impératif qui s’impose à tous, en ces temps de contraintes économiques et de délabrements humains. Elle remet en question bien des rentes de situation et des prêts-à-penser. Voilà un défi de nature à remettre en cause les fausses oppositions confortables, à rapprocher les générations et les différents partenaires : individuels et collectifs, libéraux et publics !
Étape après étape.