Réalisation : Luigi Comencini
Scénario : Age et Scarpelli d’après un roman de Fruttero et Lucentini Date : 1975 / Italie Durée :105mn
Acteurs principaux :
Marcello Mastroianni : Le commissaire
Santamaria
Jacqueline Bisset : Anne Carla Dosio
Jean-Louis Trintignant : Massimo
Claudio Gora : L’architecte Garonne
Lina Volonghi : Ines Tabusso
SA/A/HA
Mots clés : mœurs – bourgeoisie –
désœuvrement – domestiques - police
L’histoire se déroule à Turin, ville chargée d’histoire. Turin a été la capitale de l’Italie avant Florence puis Rome. Capitale de la Savoie, elle avait comme régions satellisées, la Sicile et la Sardaigne, qui lui fournissaient la main d’œuvre dont son industrie, notamment automobile, et les classes aisées avaient besoin. En dépit des bombardements alliés dont elle fut l’objet, elle comporte de très beaux quartiers et de très belles villas immédiatement à la périphérie, illustrant la différence de richesse. Le film restitue cet aspect de Turin.
Luigi Comencini reprend la trame d’un roman policier publié quelques années plus tôt pour dresser un portait ironique d’une bourgeoisie turinoise aux mœurs dépravées. Pour la petite histoire, un des maires de Turin, communiste, fut condamné pour corruption.
L’architecte Garrone, obsédé sexuel éclectique, s’agite dans le microcosme des bourgeois turinois. Il est tué par un instrument contendant, un phallus de marbre, qu’il avait chez lui comme décoration. C’est le commissaire Santamaria, venu de Rome, qui doit mener l’enquête, avec prudence, car le meurtre est intervenu dans le beau monde. L’enquête sert de viatique à la mise en évidence d’un échantillonnage de personnages de ce milieu.
Une jeune épouse, Anne-Carle Dosio désœuvrée est ravie d’être suspectée en raison d’un courrier prêtant à confusion. L’ébauche d’une missive a été apportée à la police, au lendemain du crime. C’est une servante sarde, fraîchement congédiée avec son époux, qui a cherché à se venger de la sorte. Anne-Carla jette rapidement son dévolu sur le commissaire sensible à son charme. Elle s’entend très bien avec Massimo, un jeune homme riche, aussi désœuvré qu’elle, qui a un jeune amant, Lello, employé à l’urbanisme. Anne-Carla se propose comme accompagnante du commissaire un peu perdu dans ce milieu qui le regarde de haut. Une visite dans la carrière où sont fabriqués les phallus, vendus comme objets d’art, ne donne rien. Pas regardant, Garrone se chargeait d’en écouler, contre une commission. Le commissaire est conduit à rencontrer une veuve austère et sa sœur, un peu simplette. Il organise, à leur demande, une descente de police dans le jardin de leur villa, devenue un lieu de prostitution nocturne. Massimo en a assez de Lello. Celui-ci décide de mener l’enquête pour mériter l’attention et la reconnaissance du fils-à-maman. De nombreux rebondissements interviendront avant le dénouement final.
Une satire sociale aux accents contemporains
Les seules addictions identifiables sont le sexe et l’argent. Une réalité perceptible est l’opposition entre les bourgeois, les domestiques et la police, chargée des basses œuvres. Le vide mental des désœuvrés est manifeste. Un de leurs jeux favoris consiste à distinguer entre les façons de prononcer des mots, à l’italienne ou à l’anglosaxonne, ou encore d’affirmer leur préférence pour les cigarettes Nazionale, l’équivalent de nos défuntes gauloises, hautement cancérigènes. Le commissaire grille, lui, des Marlboro, les unes derrière les autres. L’industrie du tabac n’a pas à se plaindre de ce film. Le spectateur, non plus.