Réalisation : Peter Bogdanovich
Scénario : Frédéric Raphaël, d’après l’œuvre éponyme d’Henry James
Date : 1974 USA Durée : 91 mn
Acteurs principaux :
Cybill Shepherd : Daisy Miller
Barry Brown : Frederick Winterbourne
Cloris Leachman : la mère de Daisy
Milfred Natwick : Mme Costello, la tante de
Frédéric
Eileen Brennan : Madame Walker
Duillio Del Prete : Giovanelli
Nicholas Jones : Charles, le petit frère
SA
Mots-clés : Condition féminine – apparences – marivaudage – normes sociales – affrontements – XIXème siècle
Daisy Miller permet d’accéder à l’univers romanesque d’Henry James. Le réalisateur a été fidèle au style de cet écrivain d’origine américaine, qui mourut à Chelsea, pendant le premier conflit mondial.
Henry était issu d’une famille d’origine irlandaise, arrivée en Amérique du Nord dès 1789. La fortune de son grand-père et l’intelligence de son père étaient de bonne augure pour Henry, dont le frère aîné fut professeur à Harvard. Il voyagea beaucoup en Europe. Il fut étudiant à Genève, comme le personnage masculin du film. Il accompagna sa sœur et sa tante, autres personnages de Daisy Miller. La famille Miller passera le temps de la guerre de Sécession en Nouvelle Angleterre.
Daisy Miller contribuera à sa notoriété d’auteur prolifique, faisant le pont entre deux cultures. Le portrait de James, réalisé peu avant sa mort, figure à la National Gallery.
James a écrit sur l’art de la fiction, en insistant sur l’importance des personnages et l’idée que le narrateur figure d’une façon ou d’une autre dans l’histoire. Henry James ne s’est jamais marié et il a été question, à son sujet, d’homosexualité refoulée, s’exprimant assez lisiblement dans des correspondances privées. Ses héroïnes, à l’exemple de Daisy Miller, sont des jeunes filles confrontées à la critique morale pour leur liberté d’esprit et d’attitude. Pour lui, les Américains de son temps sont plus directs, plus droits et plus libres que les Européens coincés dans leurs préjugés. Il a été comparé pour son style à Jane Austen, ce qu’il n’aurait pas apprécié spécialement. Il a raison. De notre point de vue, le style de Jane Austen est très différent. Elle a également l’art de peindre des personnages plus ou moins complexes, avec l’ironie et la clarté en plus. Les histoires racontées par James sont souvent filandreuses et le lecteur a du mal à en venir à bout.
Daisy Miller : une jeune femme attachée à sa liberté
L’intrigue est assez mince. Une jeune et jolie américaine fortunée arrive en Suisse en compagnie de sa mère, une femme plutôt sotte, et une jeune frère, livré à lui-même et peu intéressant. Un chaperon masculin les accompagne. Daisy a du charme, de l’aisance. Elle a d’incontestables talents d’allumeuse. Le jeune Frédéric, américain résidant en Europe, en devient un amoureux transi, maintenu cependant à distance, pendant que s’approche un bel italien. L’action s’est déplacée à Rome où ces riches désœuvrés essaient de se distraire. La fin confirmera que les rumeurs sur l’inconduite de Daisy étaient infondées. Frédéric devra se satisfaire de cette consolation.
Autres temps, autres mœurs, pourrions-nous dire. Encore que. Bien des gens d’aujourd’hui ne vivent que pour eux-mêmes en attendant que des problèmes de santé ou tout simplement l’âge les mettent hors-jeu.
Pour les cinéphiles, une retrouvaille : la sentencieuse tante de Frédéric, madame Costello, est la réfrigérante et néanmoins pittoresque veuve Dylan, de L’Homme tranquille de Ford.
Des correspondances avec la problématique alcoolique ? Je n’en ai pas vu. Daisy Miller est une étude de mœurs où l’alcool est absent.