Réalisation : Jack Sher
Scénario : Sher et Ross, d’après le roman de Jonathan Swift.
Effets spéciaux : Ray Harryhausen
Date : 1960 GB – USA
Durée : 100mn
Acteurs principaux :
Kerwin Matthews : Gulliver
June Thorburn : Elisabeth
Sherry Alberoni : Glumdalclitch
Grégoire Aslan : King Brod
Jo Morrow : Gwendolin
SA
Mots clés : écriture pénitentiaire – conte – turpitudes du Pouvoir – inconsistance des humains – forces de la raison et de l’amour.
Les Voyages de Gulliver est un conte philosophique de Jonathan Swift écrit en 1721. Il fait penser au Micromégas et au Candide de
Voltaire.
Je reprends des notes découvertes sur Wikipédia au sujet de cet ouvrage, que l’on peut considérer comme une variante d’écriture pénitentiaire.
« Une version censurée et modifiée par son éditeur paraît pour la première fois en 1726 ; ce n’est qu’en 1735 qu’il paraît en version complète.
Les Voyages de Gulliver constitue un des ouvrages les plus misanthropes qu’ait produit la littérature.
Indication de contexte : le roman a été écrit par Swift après le krach de 1720. Ce prêtre irlandais avait acheté des actions de la Compagnie des mers du Sud . La spéculation avait décuplé la valeur d'une action, avant de l'effondrer. Cet accroissement puis cette miniaturisation de la richesse en un temps très court a peut-être donné à Swift l'idée des changements de taille de son personnage principal. Il serait une métaphore de ce krach en donnant à Swift l'occasion de se moquer des travers d’un monde régi par la spéculation boursière.
Les quatre voyages de Gulliver
Avant de s’abandonner à la fantaisie burlesque du film, il semble utile de proposer un résumé de l’ensemble du livre.
Le récit est rédigé à la première personne. Il comporte quatre parties : le voyage à Lilliput, l’île d’humains minuscules, le voyage à Brobdingnag, peuplée de géants ; et deux autres pays : Laputa et celui des Houyhnhnms. Swift aurait pu choisir des noms plus faciles à écrire et prononcer. Le film se limite aux deux premiers voyages. Lilliput
Lemuel Gulliver s’est embarqué en tant que médecin de marine. Hélas, son navire fait naufrage en raison d’une tempête. Notre héros se retrouve sur l’île de Lilliput, dont les habitants, les Lilliputiens, mesurent environ 15 cm. La société lilliputienne pourrait évoquer l'Angleterre de l'époque. Lilliput est en guerre avec Blefuscu, l'île voisine. Un désaccord s’est constitué à propos de la façon dont il convenait de casser les œufs à la coque. Les uns entendent qu’ils soient cassés par la partie évasée et les autres par la partie plus effilée. S’opposent donc les Gros-
boutistes et les Petits-boutistes. À la fin du récit, Gulliver doit fuir Lilliput pour Blefuscu. Il a refusé d'asservir les Blefusciens vaincus. Il perd, de ce fait, le soutien de l'Empereur qui le protégeait de la jalousie de certains ministres. S'il restait, la sentence recommandée serait l'arrachement de ses yeux ! Gulliver parvient à s’enfuir.
Brobdingnag
Gulliver débarque à Brobdingnag, dans l'océan Pacifique, quelque part entre le Japon et l'Amérique. Souvenons-nous que l’histoire se situe à l’époque des explorateurs maritimes, tels que James Cook. Gulliver se retrouve alors dans la situation inversée de Lilliput : les Brobdingnagiens sont des géants. L'un d'entre eux s'empare de Gulliver pour l'emmener dans sa ferme, où une petite fille, Glumdalclitch, s'occupe de lui. Il est bientôt acheté par la cour royale de Brobdingnag et y réside avec l’adolescente. Du fait de sa petite taille, le héros devient un objet de curiosité et d’amusement. Il devient le favori de la reine. Il explique au roi le système politique existant dans son pays. Le souverain critique vivement de telles institutions. Gulliver est emporté par un aigle alors qu’il se promène au bord d’une falaise. Il est repêché par des marins, qui le ramènent en Angleterre.
Notre voyageur impénitent, un vrai anglais, repart en voyage.
Laputa est une île volante, flottant au-dessus du pays de Balnibarbi grâce à une pierre magnétique. Elle réunit la noblesse de haut rang qui s'en sert comme d'une arme pour menacer ses sujets dans le cas où ils refuseraient de payer leurs impôts, ainsi l'île se déplace de ville en ville au-dessus du pays. Elle dispose de plusieurs moyens de persuasion : soit elle peut ordonner que l'on jette des pierres sur les maisons plus bas, soit elle peut assiéger une ville, jusqu'à ce que les habitants meurent de faim, mais le plan final du monarque en cas d'urgence est de tout simplement laisser tomber l'île sur la tête des villageois ; l’île étant constituée d'une surface de cristal géante qui protège les fonctions essentielles de la machinerie. Les habitants de l'île sont très particuliers : constamment plongés dans des réflexions, ils perdent toute perception de ce qui les entoure, ainsi quand l'on désire leur parler, il faut que les sonneurs à leur service appelés « climenoles » fassent retentir leur instrument, pour les faire revenir à eux, et ce, de très nombreuses fois par jour. Obsédés par l'astronomie, les mathématiques et la physique, ils passent des journées entières à émettre des conjectures et faire des calculs. Gulliver décide de mettre pied à terre et rencontrer les habitants de Balnibarbi . Il découvre que là-dessous, les fonds disponibles ne servent qu'à alimenter les recherches de la science, ce qui coïncide avec une grande pauvreté du peuple. Il découvre l'académie de Lagado où des savants perdent tout sens commun, exposant et appliquant les théories les plus folles. Ainsi, un scientifique espère recréer de la nourriture à partir de matière fécale. Un autre tente de piéger les rayons du soleil dans des concombres. Un chercheur lui présente également une machine à générer des écrits, qui préfigure l'ordinateur moderne. Swift effectue ainsi une critique de la Science divinisée et mise audessus de la raison.
Luggnagg est un pays où Gulliver découvrira l'existence d'êtres immortels qui, malheureusement vieillissent. Ils deviennent irascibles, malveillants et inutiles. Ils prennent petit à petit une forme spectrale au fil du temps, peinés de voir les autres mourir et pas eux.
Dans l’île de Glubbdubdrib, Gulliver peut dialoguer avec des personnalités du passé. Gulliver se rend compte que l'histoire qu'il connaît est bâtie sur de nombreux mensonges et erreurs.
Au pays des Houyhnhnms, des chevaux beaux et intelligents sont les maîtres des Yahoos, animaux d’aspect répugnant au comportement misérable, qui se révèlent être, au grand désespoir de Gulliver, des humains. Swift: interroge sur la différence entre un être humain et un animal. En quoi les humains peuvent-ils se penser au-dessus de la condition animale ? Curieuse et plaisante interrogation pour un prêtre, il est vrai ,anglican.
Que dire du film de Jack Sher ?
Les gens sérieux, tels que ceux qui s’affrontent dans un hémicycle pour ou contre les corridas, en seront certainement déconcertés, ceux qui diabolisent toute personne qui ne partage pas leurs préjugés, également, ceux qui se prennent au sérieux, plus encore.
C’est le type de film, à la musique entrainante, que l’on peut montrer à ses enfants ou petits-enfants pour les aider à grandir sans pour autant devenir stupides, prétentieux et catégoriques.