Réalisation : Giuseppe Ferrara

Scenario Giuseppe Ferrara et collaborateurs

 

Date : 1984                Italie - France

 

Durée : 107 mn

Acteurs principaux :

Lino Ventura : Général Dalla Chiesa

Giuliana De Sio : Emmanuella

Stefano Flors : le capitaine Fontana

Arnoldo Foà : Rognoni, le Ministre

A/ SA

 

Mots-clés : Mafia – Drogue – Alliances sociales – crimes – Compromissions

cent jours a palerme

Le film retrace les 100 jours du mandat du Général Dalla Chiesa, comme préfet de Palerme, chargé de la lutte contre la mafia sicilienne de la fin des année 1970. Ce général, joué par Lino Ventura, avait remporté des succès probants contre les Brigades rouges. Ce groupe gauchiste avait été à l’origine de l’assassinat, en 1978, du Premier Ministre Aldo Moro, un des chefs de file de la Démocratie chrétienne de ce temps. Le mandat du Général se termina, au 100ème jour, par son assassinat et celui de sa jeune femme, Emmanuelle, à la mitraillette, à la sortie d’une réception. En s’intéressant de trop près aux relations des chefs mafieux avec les grands propriétaires fonciers et aux banques qui accueillaient les fonds frauduleux, l’énergique général avait scellé son arrêt de mort.

L’intrigue est sans surprise. Le film se laisse voir. Les règlements de compte entre bandes rivales se succèdent à cadence élevée et le représentant de l’Etat est impuissant, malgré ses initiatives, à établir l’ordre public.

À un moment, le Général défile aux côtés d’un évêque à l’occasion d’une procession religieuse. Il est en quelque sorte protégé des tireurs, possiblement embusqués, par le fait que l’Eglise a une alliance implicite avec la mafia contre l’ennemi communiste.

Hier pour comprendre aujourd’hui

Nous sommes à l’époque où le Parti communiste italien (PCI) a une forte implantation chez les ouvriers, la population modeste des villes, les petits agriculteurs et nombre de municipalités. Le Parti est dirigé par Enrico Berlinguer. Ce dernier a été à l’origine de ce qui a été appelé l’eurocommunisme, que l’on pourrait qualifier de communisme démocratique, en opposition avec le régime stalinien. Le PCI a failli gouverner avec la Démocratie Chrétienne à la fin des années 70. Il théorisait cette alliance par l’expression de « Compromis historique ». La mort de Berlinguer d’un accident vasculaire cérébral, lors d’un meeting, amorça le déclin de ce puissant parti. La mise en évidence du système stalinien a provoqué un effacement progressif des partis communistes. Le coup de grâce en France a été porté par le virage néolibéral, européiste et atlantiste du gouvernement Delors en 1982, sous la présidence de F. Mitterrand.

À un autre point de vue, le film s’inscrit dans la veine plus ou moins informative des productions, plus ou moins originales et réussies consacrées à la Mafia. L’histoire de cette dernière permet de s’intéresser aux évolutions du marché des drogues, de ce que le commerce de ces dernières représente pour l’économie des pays producteurs. Du point de départ, avec les petits paysans exploités par les cartels et les évolutions topographiques de la chaîne aboutissant au final, en bonne partie, auprès des clients solvables des pays riches. Le trafic des drogues dessine une géopolitique, au même titre que le commerce des armes dessine le sien, dressant les populations les unes contre les autres, avec les maquillages et les protestations idéologiques qui s’imposent.

Nous avons aussi nos narco-trafiquants et nos beaux assassinats. Nous sommes des clients. Et nos impôts servent à organiser un jeu de gendarmes et de voleurs sans fin, pendant que l’on démantèle et instrumentalise le Service public, que se poursuit l’externalisation du secteur productif.