Réalisation et scénario : Michael Haneke
Date : 2012
France – Autriche
Durée : 121 mn
Acteurs principaux : Jean-Louis Trintignant (Georges), Emmanuelle Riva (Anne), Isabelle Huppert (Eva)
SA/ HA
Mots clés : Finitude – Couple − Amour – Solitude – Alternatives
Après la Palme d’or au Festival de Cannes de 2012, sous la présidence de Nanni Moretti, « Amour » a reçu une multitude de récompenses, signes d’un air du temps qui n’incite pas à une folle joie de vivre.
Toute vie a une fin et pose la question de sa finitude. « Amour » la campe à sa manière : un couple octogénaire de musiciens confrontés à l’accident vasculaire cérébral de l’épouse et à ce qui en résulte… Nanni Moretti a traité aussi de fins de parcours qui ont sens jusqu’au bout comme dans Mia Madre ou qui butent sur la révélation d’une passion inassouvie, avec Habemus papam. Un des honneurs de la profession médicale est de devoir s’accommoder de fins qui dégradent irrésistiblement des personnes atteintes de maladie grave. Est-il utile de l’imposer aux spectateurs et aux acteurs eux-mêmes, devenus les ombres de ce qu’ils ont pu être ? Quelle est l’intention du scénariste et réalisateur ?
Les alternatives à la finitude
La finitude est une fin de partie dont les règles se révèlent sur le moment. La seule alternative radicale à la finitude est de ne pas naître, un expédiant est de mettre volontairement fin à ses jours. Perspectives peu réjouissantes, à moins d’avoir la vocation d’un martyr ou d’un héros.
Le bûcheron de La Fontaine nous apprend que la peine à vivre est habituellement préférée au trépas : « Plutôt souffrir que mourir, c’est la devise des hommes ». Les services de fin de vie sont encore une exception.
Au moment de la rédaction de cette fiche, je revois un patient de longue date qui a eu un « coup de grisou » alcoolisé. Factotum dans une résidence, il s’occupait, en plus, depuis plusieurs mois, du ménage de sa mère, dont la maladie d’Alzheimer devient très contraignante, en usant pour son salaire de chèques emplois-service. Il a fait savoir, après cet épisode, qu’il renonçait à cette prestation. À un moment, il faut savoir se protéger.
Quelles sont les alternatives à la finitude ? L’addicté semble courir vers cette fin dont il accélère l’échéance, comme pour mieux la dénier, quitte à assombrir ses dernières années par des handicaps qu’il a créés par son tabagisme associé. Il rejoint la critique faite à celles et ceux qui sont « morts de leur vivant » par effet de routine, de soumission ou d’activisme.
« Carpe diem », telle est l’alternative des philosophes.
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