Barbara Stiegler François Alla

Tracts Gallimard

N°37

3€90

stiegler

Les intelligences ouvertement critiques se font rares par les temps qui courent. Ce fait explique sans doute la foule qui se bousculait à la présentation de deux ouvrages de Barbara Stiegler, a priori éloignés l’un de l’autre : « Nietzsche et la Vie » (Essais Folio) et ce numéro 37 d’un tract de chez Gallimard, comme une suite au Tract n° 23, « La démocratie en pandémie ». Je vais pouvoir combler une lacune béante de ma culture philosophique grâce à Barbara Stiegler et sa thèse dont elle a fait un livre « Nietzsche et la critique de la chair, Dionysos, Ariane, le Christ » avec son dernier livre précité, écrit dans une intention pédagogique. 

En attendant, que nous dit ce second Tract, rédigé avec le concours d’un professeur bordelais de santé publique, François Alla ? Il nous apprend malheureusement peu de choses que nous ne sachions déjà. Le Pouvoir s’est autorisé à manipuler la santé publique à des fins d’endormissement de l’esprit critique et de la réactivité citoyenne.

Le bilan social, économique et mental, de l’instrumentalisation de la covid 19 est très lourd, difficilement concevable. 

La vaccination, en l’état, est efficace pour réduire les formes graves des personnes à risque élevé. Le reste relève de la fabrique du consentement et de l’application liberticide du principe de précaution. Des cas de myocardites ont été rapportés chez des jeunes. Il y a même eu des appels à délation d’origine ministérielle. Ce qu’il y a de plus stupéfiant est le degré de soumission induit, en écho au silence étourdissant des différentes figures politiques et intellectuelles. Ceci, c’est nous qui l’ajoutons. Barbara Stiegler a évoqué, lors de sa conférence, les critiques et les pressions pour qu’elle rentre dans le rang et qu’elle se taise.

Page 56 : « Au moment où les fausses promesses des campagnes de Santé publique et les fausses informations distillées pendant des mois dans les médias s’effondraient les unes après les autre (finalement, le vaccin n’empêchait pas les contaminations, il ne permettait pas d’atteindre l’immunité de groupe, il ne pouvait ni éradiquer le virus ni bloquer la survenue de mutation et à ce titre, il ne protégeait pas les autres) », tout en semblant moins efficace face aux nouveaux variants. Des voies autorisées se demandaient si les doses répétées de ces faux vaccins « ne risquaient pas de déclencher de graves réactions immunitaires dans l’organisme ». Cela n’empêchait pas des personnes de renom, comme Martin Hirsch, une des figures de la bien-pensance normative, directeur de l’Assistance publique et des hôpitaux publics, d’aller jusqu’à proposer de fermer l’hôpital aux non-vaccinés.

J’ai fait remarquer en aparté à l’auteure qu’elle avait souvent prononcé le mot démocratie mais jamais celui de dictature. Elle a semblé trouver, dans un sourire, que ce mot était excessif. Il faut bien que nous ayons quelques différences d’appréciation.

Il est question (p31) de choix préétablis, parés de la légitimité du « Chiffre ». Plus avant encore dans le texte : la démocratie libérale se confond avec le « gouvernement représentatif » (p22), alors que ce dernier ne dispose que d’une légitimité formelle, inversement proportionnelle à la masse de l’abstention et des bulletins exprimant d’autres opinions. « Ce modèle politique est incapable d’imaginer une construction démocratique de l’intérêt général et une élaboration collective de la vérité. » Nous observons le contraire : l’usage du bourrage des crânes et des émotions fabriquées, la désinformation sur base d’inculture.

La dictature est inutile si la masse adopte la soumission et les addictions. Barbara Stiegler a raison : la menace d’une contravention de 135€, si le masque tombe, suffit à assurer la paix sociale et la démocratie.