Tracts
N°38

Gallimard

45 pages, 3€90

violencespolicieres

Quand j'ai séjourné à Londres, j'abordais souvent les "cops" pour demander mon chemin. J'ai rencontré, en France, des hommes en uniforme qui n'avaient pas le matériel à PV entre les dents. J'ai manifesté, une fois, contre le garrotage de Basques par Franco. Nous n'avions rien jeté contre les forces de l'ordre, rien cassé. Nous n'avions pas pris de coups de matraque. Je crois même me souvenir qu'il y avait des grandsmères, des grands-pères et des enfants dans la manifestation. J'avais scandé comme les autres un slogan en forme de musique (le Pape de l'époque ayant pris parti pour les Basques) : « Franco-salaud-

lepaparauratapeau ». Il y avait de l'humour, de l'émotion, de la gravité et de la gaité dans les cohortes. C’était un peu plus tendu contre Giscard mais il y avait toujours des chants.

Et puis, pendant le confinement Covid, nous avons pris des PV parce que nous avions dépassé à vélo la distance règlementaire de notre domicile. Ma femme et mes petits-enfants ont respiré des gaz lacrymogènes, au sortir de l’école. Nous avons croisé, quand nous faisions des courses, les hommes aux visages patibulaires armés, sans regard, jusqu’aux dents, autour de leurs fourgons blindés. Et nous avons été contrôlés à plusieurs reprises parce que nous marchions dans la rue. Nous côtoyons encore des paras le doigt sur la gâchette de leur fusil mitrailleur quand nous allons chercher quelqu’un à l’aéroport.

L’opinion de deux avocats 

Les auteurs dénoncent d’emblée « les discours dramatisants et démagogiques ». Ils reconnaissent que « la profession de policier est intrinsèquement dangereuse et complexe » pour ajouter : « Nier les violences policières est d’autant plus nuisible à notre démocratie et le vivre- ensemble que la faiblesse de la réponse pénale (à l’encontre des policiers violents) favorise la permanence d’un sentiment d’impunité » « Il est révoltant que la récurrence des violences policières empêche l’image d’une police destinée à la médiation, au dialogue et à la désescalade ». « L’obligation déontologique du vouvoiement s’efface au profit d’un tutoiement qui rabaisse ».

Il est question plus loin d’une logique de confrontation croissante d’une militarisation de l’ordre public. « La peur de l’Etat est double : peur de son impuissance face à une crise sociale qui s’exacerbe mais aussi peur face à sa propre police » (p25). « Les violences policières sont à la fois la marque et la conséquence d’un modèle politique au bord de l’essoufflement ». Les auteurs souhaitent « l’exemplarité » pour réduire les logiques d’instrumentalisations de toutes parts, nourries par des arrière-pensées politiques grossières » (p29). L’importance de la bataille des images a été comprise par tous. Elle a entrainé la restriction de la diffusion des images de violences policières.

C’est connu : la violence engendre la violence et les provocations suscitent des ripostes. Qui commence, véritablement? À quoi répondent les violences policières.

Les forces de l’ordre ont un sentiment d’abandon. Le risque est de dissuader des jeunes gens d’intégrer police ou gendarmerie, au vu de ce qui les attend comme violences, tâches administratives et sur-adaptation. Nous rejoignons là un phénomène retrouvé dans les différentes professions exposées. Est pointé le manque de cadres intermédiaires sur le terrain opérationnel. Ils se laissent absorber par les tâches administratives. La lourdeur de celles-ci constitue une difficulté en soi.

Les auteurs font des propositions telles que permettre à de jeunes délinquants d’effectuer des stages au sein de la police « pour leur faire prendre conscience des difficultés du métier, tout en apprenant la discipline et l’autorité ». Ils invoquent « la fin de la culture de l’entre-soi ». Ils appellent à des relations bienveillantes avec la population, en redéveloppant la police de proximité. 

Comment accroître le sentiment de sécurité des citoyens ?