Antisionisme radical et islamo-palestinisme
Pierre-André Taguieff
Tracts – n°53
Gallimard
3€90 59p
Cela faisait un moment que je n’avais mis la main sur un des Tracts de Gallimard. J’avais été impressionné par leur pertinence d’ensemble au cours des années Covid. Un obscurantisme en chassant un autre, j’étais plutôt écœuré et même un rien angoissé par les diabolisations symétriques en cours. Ce procédé occultant, de mon point de vue, les aveuglements, les démissions et les silences les plus lâches et le naufrage en cours. J’ai presque été étonné de l’existence de ce Tract. Quoi, il existait encore dans notre pays martyrisé, des personnes assez téméraires pour affirmer des évidences et des éditeurs assez libres pour les éditer ?!
J’aurai sans doute énormément de difficultés à résumer ces pages tant elles coulent de source, tant elles sont banales de vérité !
Je commencerai, plutôt, par quelques questions.
Comment est-il possible que des personnes se réclamant de la gauche optent pour une stratégie d’alliance idéologique avec l’obscurantisme haineux des islamistes ? Comment est-il possible qu’elles valident l’antisémitisme, en occultant l’opération à grande échelle de colonisation financière, culturelle et démographique de l’Europe par l’Islam ? Comment-il possible d’aboutir à ce que la population, dans son ensemble et sa diversité soit, de fait, sans recours politique face à l’incurie, au sens propre du terme, orchestrée par le néolibéralisme, systématisée et amplifiée par le bureaucratisme numérique et les mises hors jeu qui en résultent ? Comment est-il possible que la gauche intellectuelle ne tire pas leçon de ses emballements passés, pour l’Est, la Chine ou le Sud ? Est-elle condamnée à dénier le réel ?
L’hégémonie culturelle consiste à réunir, plutôt qu’à opposer. L’unité implique une analyse exacte de la situation et un projet cohérent pour l’affronter. L’autre camp a le champ libre. Il se nourrit des petites et grandes trahisons des imposteurs. Il s’applique à essayer de faire prendre des vessies pour des lanternes, en affirmant, symétriquement, que la Droite constitue le camp du Bien.
Les USA poursuivent leur déclin. Ils propagent une idéologie de décomposition via les BIG DATA et le wokisme. Il est urgent que l’Europe et la France s’autonomisent en développant une position neutraliste, pacifique et culturellement indépendante, face aux autres grandes puissances. Notre pays, à l’inverse de ce qu’il tolère, doit se constituer en alternative à « l’ensauvagement du monde ».
Cette fiche et ces commentaires pourraient surprendre dans le cadre d’une association investie dans le champ des addictions. Ce n’est pas notre point de vue. La mise hors jeu de l’addiction est une incitation à ouvrir les yeux, à prendre conscience de ce qui pèse d’une façon directe ou indirecte pour donner force aux addictions, à développer le discernement de chacun, dans le droit fil de « Ce que nous apprennent les addictions ».
Je laisse au lecteur la découverte de la description du pogrom (autre mot pour « massacre raciste de population ») du 7 octobre 2023.
« Les objectifs du Hamas étaient d’une part, de surprendre et de terroriser les Israéliens, en répandant parmi eux le sentiment de leur vulnérabilité, de pousser Israël à la faute devant l’opinion mondiale, l’humilier l’ennemi juif, d’attiser la haine entre juifs et arabes, tout en préparant l’Opinion mondiale à la disparition de l’Etat d’Israël. » (p6)
Ce projet est explicitement écrit dans la Charte d’Allah (du Hamas) de 1988.
Le terme d’islamo-gauchisme est à l’actif de Taguieff. Il date de 2001 !
L’inversion victimaire fait des juifs d’Israël de nouveaux nazis et des palestiniens de nouveaux juifs.
« Le complot sioniste mondial » a remplacé le « complot judéo-maçonnique » et le complot « judéo-communiste ». (p16).
« Les islamistes intelligents ont compris qu’ils pouvaient jouer la carte de l’antiracisme » (p25). Les Frères musulmans ont eu beau jeu d’infiltrer des mouvements antiracistes ou d’en créer.
Une partie de la gauche a pu basculer dans « l’islamophilie angélique et l’antisionisme démonologique » (p25).
Le Tract fait souvent référence à Médine, rappeur connu et apprécié par des intellectuels de gauche appelant gentiment, dans une des chansons (Don’t Laïk) à « crucifier les laïcards » (p31). Cette page programmatique est à lire en entier, tout comme celle consacrée aux débats sur le port de la « abaya » à l’école. Kamel Daoud, écrivain algérien, précise : « les ancêtres sublimés ne portaient pas de qamis ou d’abayas. Ce ne sont pas des tenues d’ancêtres, mais celles de manipulateurs expérimentés et ingénieux » …Et c’est encore utile de rappeler que la fabrique de l’islamisme au Maghreb a commencé par l’école et que taliban signifie « étudiant ». (p37).
« Si les Israéliens déposaient les armes, il n’y aurait plus d’Israël » (p54). « La réinvention de la haine des juifs et donc de la vieille « question juive » s’opère sous nos yeux (p55).
Nous pourrions être découragés devant « le sentiment de l’irréconciliable et de l’insurmontable » (p55).
En attendant, dans notre beau pays, les enjeux économiques, politiques, sociaux, culturels, identitaires, universalistes et pacifistes sont négligés. Nos aspirations démocratiques sont bafouées. Nous ne sommes ni écoutés ni respectés. Plutôt que s’en prendre aux autres, pourquoi ne pas commencer par nous comporter en citoyens soucieux de l’intérêt général, dans notre territoire d’influence, si exigu qu’il soit ?
C’est ce que s’attache à faire, plus souvent qu’on ne le croit, comme beaucoup d’autres obscurs, celle ou celui qui ne buvant plus, exerce son discernement.