6 septembre 2021
De nouveau, un thème « estuaire », suggéré par l’une d’entre vous. Il permet une réflexion sur nos façons d’agir dans le passé, pour le présent et l’avenir. Je vais essayer de m’acquitter de sa présentation.
Nous pouvons peut-être commencer par examiner les façon d’agir quand l’alcool est devenu le patron. Le moins que l’on puisse dire est que l’alcool n’est pas un marqueur de lucidité. Il brouille la vision de la situation du moment suscitant des choix malheureux. Il entrave la claire conscience de l’incapacité acquise à consommer de l’alcool, sans conséquences préjudiciables lourdes (relationnelles, familiales, personnelles, intellectuelles et physiques). Elles ne manqueront pourtant pas de survenir. Il contribue à occulter les facteurs qui ont conduit à la mise en place de la dépendance ou qui perturbent le choix de la sobriété. C’est la raison pour laquelle, la personne devenue alcoolique doit passer sous les fourches caudines de la mise à l’écart de l’alcool pour retrouver un meilleur rapport à soi et aux réalités extérieures.
Bien évidemment, l’alcool ou les autres addictions ne sont pas les seuls éléments qui obscurcissent le discernement. Il se trouve même souvent des personnes alcooliques dont le niveau de discernement est supérieur à celui de la population générale à partir du moment où elles ont la force d’écarter l’alcool et les substances modifiant la conscience. Ainsi, la pandémie et tout le raffut autour des réponses appropriées jouent le rôle d’un équivalent-alcool majeur pour l’ensemble de la population. Ce n’est pas pour rien que la première partie de « Anesthésie Générale » est consacrée aux éléments qui déterminent aujourd’hui une perte de lucidité très inquiétante.
Les façons d’agir répondent à de nombreuses forces : nos besoins essentiels (il faut donc savoir les distinguer et les mettre en ordre), les contraintes qui les entravent, la préoccupation éthique (satisfaire nos besoins ne devrait pas aller jusqu’à piétiner les besoins légitimes des autres). Nous ne pouvons faire l’économie de prises de recul pour que nos façons d’agir ne se retournent pas contre nos aspirations.
En quoi vos façons d’agir ont-elles changé depuis l’arrêt de l’alcool (si tel a été le cas) ?
Quelles difficultés avez-vous rencontré pour qu’elles vous satisfassent ?