20 décembre 21
Le titre peut paraître provocateur et, pourtant, l’expression vient souvent à l’esprit. Une imprécation telle que « Chienne de vie !» signifie au moins une protestation à une existence dépourvue de satisfactions ou surchargée de tâches et de désagréments.
La non-vie, c’est autre chose.
Nous pourrions la définir comme une vie habitée par les routines, les contraintes, molles ou dures, la morne répétition, les changements de rythme injustifiés, les tracasseries administratives, l’absence de sens, l’impression d’inutilité et d’absurdité.
La non-vie est une vie machinale, sans joie ni grand malheur, une vie dominée par l’ennui. Certains aspirent à la retraite, comme d’autres croyaient à des lendemains qui chanteraient. Ils se retrouvent vieux, amoindris, avec du temps vide. La distraction organisée peut faire partie de la non-vie. L’alcool se propose pour estomper cette sensation de non-vie. En même temps, il crée les conditions d’une non-vie. Il garantit la répétition et les ennuis.
Essayons d’aller plus loin dans la délimitation d’une « non-vie ». La sensation d’une non-vie peut être rapprochée d’une aliénation par le travail (Le « plus court chemin » pour sortir de Manchester était le gin pour les premières générations d’ouvriers des manufactures). Des modes de vie ne laissent pas de place à ce qui pourrait donner le sentiment d’exister : aimer, être aimé, se sentir utile, avoir une place reconnue.
Le sentiment de n’avoir prise sur rien, de ne pas voir « le bout de ses actes », de vivre dans un environnement de faux-semblants, d’individualisme forcené, crée une impression analogue. Ce second volet se retrouve dans la modernité actuelle.
Comment se sentir vivre, aujourd’hui ?