17 janvier 2022
Le triptyque dynamique « Lier, délier, relier » était l’intitulé d’une de nos conférences, organisée à Toulouse en 2000. Nous avions Boris Cyrulnik, François Gonnet et bien d’autres. J’avais, pour ma part, déjà présenté le groupe intégratif du lundi. Un collègue avait commenté sobrement mon propos : « Tu fais tout avec le groupe ». À partir du groupe…
La relation d’aide s’articule en trois temps.
LIER
Il s’agit d’abord d’établir un lien de dialogue entre la personne en difficulté et le praticien. C’est l’objectif des consultations initiales, des documents partagés, de l’entretien d’histoire, de l’hospitalisation brève, de la présence participative au sein des groupes. Le lien soignant a besoin de ces différents arrimages pour tenter de réussir la seconde opération qui s’apparente à un processus.
DELIER
Défaire le lien addictif est habituellement difficile et aléatoire. Un élément clé se situe dans la motivation du premier concerné. Il ne suffit évidemment pas de cesser de boire, de « poser le verre ». Il s’agit de faire adopter les bonnes habitudes de sauvegarde (éviter le premier, persister dans la relation d’aide), de faire évoluer les représentations attachées à la consommation d’alcool, au buveur, mais également à son environnement. Délier se décline également par rapport au passé plus ou moins traumatique, à la situation relationnelle et affective. Il s’agit également de se défaire ou de contenir les relations toxiques.
La déliaison correspond à la période du sans alcool, alors que l’alcool reste une référence sous la forme des reprises de consommation, des nostalgies ou même de l’obsession du danger de reboire.
RELIER
(Se) relier est une aventure sans fin. L’alcool a cessé d’être une référence. Il s’agit d’estomper le clivage de sa personnalité, de faire lien entre son passé et son présent pour maintenir l’avenir ouvert. Il ne faut pas être pressé de se délier de l’espace d’accompagnement, au nom d’une illusoire « guérison ». Le terme de guérison est illusoire car la problématique alcoolique est le reflet de la condition humaine. On ne guérit pas de sa condition d’humain. On l’assume avec plus ou moins de réussite et de bonheurs. La démarche d’accompagnement permet de se relier à la connaissance critique, au monde tel qu’il est, à développer une éthique personnelle, à faire des choix qui nous ressemblent, à développer des liens de solidarité, à intégrer la dimension spirituelle de l’existence, pour trop pragmatique que l’on soit.
L’accompagnement demande donc cette vision à distance. Il ouvre le chemin. Il évite de tomber dans les bas-côtés, de tourner en rond.
Lier, délier, relier.
Où en êtes-vous ?