24 avril 2023
Dans un très grand nombre d’histoires où l’alcool a trouvé sa place, des abus ont été subis ou commis posant à terme la question du pardon. Au Canada, il y a quelques années, dans la diversité des psychothérapies avancées, celle du pardon a été mise en avant. La question se pose donc : à qui pardonner, de quoi pardonner, comment pardonner, pourquoi pardonner, à quel moment et …de quel droit ?
De quel droit pardonner ? Professionnellement, je ne me sens pas incité à pardonner dans la mesure où je ne suis ni un religieux ni un tribunal.
Le pardon se pose en théorie lorsqu’une personne ou une institution est responsable d’un agissement préjudiciable à l’encontre de quelqu’un. Ce dernier est alors en situation de pardonner ou non.
Parmi mes innombrables caractéristiques ou défauts, il y en a au moins un que je reconnais : celui de ne pas pardonner. Pour reprendre une expression de notre culture commune : j’explique.
Le ressentiment que je peux éprouver après un préjudice, même grave, ne me dérange pas très longtemps. Il se convertit assez facilement en mémoire. En effet, je n’oublie ni le dommage, ni les motivations de ceux qui l’ont perpétré. Je fais mien le ressenti d’un personnage de roman : « Quand quelqu’un perd mon estime, c’est définitif ». Je ne cherche pas à me venger. Je ne le diabolise pas. Je peux même reconnaître ses qualités comme j’ai reconnu ses limites. S’il se met de nouveau sur ma route, je m’efforcerai de l’éviter, en veillant à perdre le moins d’énergie et de temps possible. Il appartient à un passé révolu.
A qui ? Sont concernées les personnes de mon entourage. J’ai à vivre avec elles, à les accepter telles qu’elles sont, à faire vivre les points de convergences et à abandonner les autres.
De quoi ? La gravité du fait est à prendre en compte, évidemment.
Comment ? J’essaie de comprendre les motivations, les erreurs d’appréciation. Je n’exclus pas ma part de responsabilité et la force des impondérables. Après quoi, je passe à autre chose.
Pourquoi ? Pour des raisons pragmatiques. Autrement, je m’isolerai, je cultiverai une « bile noire », comme il se disait au temps de Molière.
À quel moment ? À partir du moment où l’autre cesse de me nuire ou de nuire à mes projets et qu’il redevient un partenaire potentiel, si tant est que ce soit possible et souhaitable, éventualité très rare au demeurant.
Je peux imaginer le schéma du pardon : quelqu’un a commis consciemment et délibérément (ou non) un préjudice. Il a été entendu. Il a présenté ses arguments. La Justice a tranché. Le sujet répare, quand c’est possible, dans la mesure du possible. Soit-dit en passant, transformer un préjudice en somme d’argent ne m’a jamais convaincu, même si le temps gaspillé et les frais occasionné par la réparation du dommage devraient être comptabilisés. Je suis assez allergique au pretium doloris, comme si, par exemple, la perte d’un proche pouvait se monnayer. Je suis également opposé à la Loi du Talion (œil pour œil). Le repentir face à l’irréparable est sans intérêt.
J’ai essayé de faire court pour ce vaste sujet qui, en tant que tel, m’intéresse à peu près autant que la sexualité de la mouche drosophile