27-05-2024
Ce thème évoque l’analyse transactionnelle. Le comportement de plusieurs malades incite à le mettre à l’ordre du jour. Le saboteur est quelqu’un qui n’a pas besoin de difficultés liées à son mode de vie ou à ses objectifs pour échouer. Le fait d’échouer comporte sans doute un certain nombre d’avantages. L’échec évite de se confronter à de nouvelles épreuves. Il permet de préserver sa position de vie historique (« Je ne suis pas à la hauteur », « Á quoi bon essayer ».) Le saboteur peut adopter une attitude opposée : « Je dois être le meilleur ». Ces croyances inculquées sont autant de distorsions cognitives. Dans l’immense majorité des cas, ces messages intégrés ont une origine familiale et/ou sociétale. Ce qui frappe l’observateur est le décalage entre ce que vit et exprime le sujet et ce qu’il peut constater lui-même.
Comment en pratique pallier cette souffrance qui peut à certain moments se révéler insupportable ?
A priori, mettre en évidence les failles narcissiques constitutives de l’attitude d’auto-sabotage est un préalable. Nous constatons cependant que la connaissance de l’origine de cette dévalorisation et de ce dés- accordage entre le ressenti de la personne et l’effet qu’elle produit ne suffit pas à corriger cette distorsion. C’est comme si un vieux pli froissait un drap, malgré le repassage.
Il est certes possible, par une prescription médicamenteuse, d’atténuer des troubles de l’humeur ingérables autrement. Il est encore plus utile de parvenir à écarter l’addiction en tant que saboteur objectif.
En définitive, l’essentiel semble se situer dans les choix relationnels et dans les activités maîtrisées par l’intéressé. Une présence aimante vit de ce qu’apporte de bon la relation avec « l’auto-saboteur ». La constance de la relation finit par rendre très vivable le décalage éprouvé car en tout saboteur sommeille quelqu’un qui a besoin d’être aimé et d’aimer. Par ailleurs, ce que le saboteur sait faire et réussir, à l’insu de son plein gré, atténue le regard incorporé qui le sous ou quelque fois le surestime.
Avez-vous identifié en vous un « saboteur » ?
Comment parvenez-vous à le maîtriser ?
Alexandre (off) : Ce thème me fait penser à une phrase des Guignols, émission de Canal +, qui évoquait le coureur cycliste Richard Virenque, de l’équipe Festina, pris dans une affaire de dopage : « à l’insu de mon plein gré » ?! Ce coureur surnommé « Richard cœur de lion », très populaire, défendant dans son style de course, l’attaque, la prise de risque, a sombré dans une affaire de dopage généralisé à l’EPO. Un monde cycliste pourri dans les années 2000 par le dopage institutionnalisé mené par un chef de gang, Lance Armstrong. La victoire facilitée a freiné ou interrompu la carrière sportive de nombreux coureurs. Je pense à l’allemand Jan Ullrich, ex-RDA, coureur talentueux qui, décrédibilisé pour dopage, a failli se suicider ou bien l’italien Marco Pantani, aux nombreuses victoires, mort d’overdose dans une chambre d’hôtel. Ces coureurs véhiculaient certaines valeurs sportives, courage, abnégation, je dirai même une certaine forme d’héroïsme mais ils ont menti à toute une génération, pour l’appât du gain, le « toujours plus ». Ils se sont sabordés…
Par analogie, l’alcoolisme a rendu douloureux mes initiatives, a complexifié la mise en œuvre de mes projets. Une double vie incompatible : la pratique alcoolique, équivalent de sport truqué, et vivre ma vie, mes rêves, réalisables mais rendus difficiles par l’alcool.
L’éducation dès la petite enfance détient de nombreuses clefs dans le sabotage. Question : sabotage ou sabordage ? (au sens de se saborder ?)
HG : L’alcool se présente comme un « plus » avant d’entraîner une succession de « moins ». L’appât du gain et du « plus » mis en système finit par dénaturer n’importe quelle activité humaine. Le paradoxe est qu’une personne devenue alcoolique découvre et accroît ses qualités naturelles en les exerçant sans alcool. Et il n’y a pas photo à l’arrivée !