24-06-2024

La période que nous vivons se prête à l’examen d’un trait de personnalité qui ne plaît pas : le ressentiment.

L’ouvrage de Cynthia Fleury, « Ci-gît l’amer » (Gallimard, 2020), a un sous-titre qui donne à penser : « Guérir du ressentiment ». Ce n’est qu’un volet de la réflexion de l’auteur, philosophe et psychanalyste, titulaire de la chaire « Humanités et Santé » au Conservatoire National des arts et métiers, qui abrita, entre autres auteurs, Christophe Dejours. Le quatrième de couverture est éloquent. Fleury est également titulaire de la chaire de « Philosophie à l’hôpital » du groupe hospitalier universitaire parisien (GHU) « Psychiatrie et neurosciences ». Elle associe les notions d’individuation et d’État de Droit. Les travaux mentionnés ont des titres éloquents : « Les pathologies de la Démocratie », « La fin du courage », « Les irremplaçables », ou encore « Le soin est un humanisme ». Le temps manque à un simple mortel, entravé dans les complications du quotidien, pour prendre connaissance d’une telle œuvre.  Si l’on adopte le principe de traduction de la novlangue, cela pourrait donner des titres tout aussi intéressants : « Les pathologies de la Dictature », « Le commencement de la lâcheté », « Les interchangeables », « Le soin actuel est un anti-humanisme ».  Nous pourrions être suspectés de ressentiment, et nous voir proposer un lavage de cerveau approprié.

Je serai tenté d’aborder la question du ressentiment à la façon d’un élève de collège : 1. Définition 2. Les arguments pour. 3. Les arguments contre. 4. La synthèse 5. La conclusion.

Dans cette logique, la définition du ressentiment est d’en vouloir durablement à quelqu’un ou à un ensemble plus vaste. Les « arguments pour » seraient constitués par les griefs légitimes, les torts véritablement subis. « Les arguments contre » mettraient en valeur les accusations injustes et erronées. La synthèse ferait la part des choses, en distinguant ce qui est admissible, de ce qui ne l’est pas dans ce sentiment.

La conclusion aboutirait à l’idée de l’inutilité du ressentiment pour avancer dans sa vie, tout en admettant son caractère très humain. Elle posera la question de l’intérêt de la Mémoire.

La séance pourra servir à adopter une définition consensuelle du ressentiment, à lister ce que le ressentiment a de recevable puis d’irrecevable dans le cadre de la problématique alcoolique et addictive, à dégager les points essentiels à une synthèse rapportée à soi et, enfin, à s’interroger sur les bienfaits respectifs de la mémoire et de l’oubli.