09-09-2024

Cette idée de thème m’est venue, au retour d’un entretien sollicité, relativement bref, allant rapidement à l’essentiel, avec ma collègue, le docteur Napoléon. Comme chacun sait, elle est associée aux hospitalisations brèves au sein de la Clinique Rive Gauche. Elle a participé à la réunion ouverte sur le discernement, au Conseil Régional, en novembre dernier. Elle dispose de Ce que nous apprennent les addictions, qu’elle a lu. Je l’ai tout d’abord interrogée, civilement, sur ses vacances. Elles avaient été courtes. Je lui ai alors demandé si elle ne faisait pas partie des travaillomanes. Par chance, elle avait participé à une journée offerte par un laboratoire pharmaceutique centré sur l’analyse transactionnelle. Elle disposait d’un spectre virtuel de personnalités plutôt large. Elle faisait partie des promoteurs et des rebelles. Ce qui m’a permis de lui dire que nous avions ces caractéristiques en commun. Elle a concédé que le rapport au travail pouvait être un problème. Je lui ai confirmé que j’étais en réduction volontaire d’activité par la suppression du téléphone fixe, afin de me donner du temps, pour transmettre ce qui était possible à un public élargi.

Du fait de sa formation scientifique, elle m’a demandé pourquoi je n’effectuais pas une nouvelle étude comparée, sachant que la dernière avait eu lieu en 2004 et 2005 (un an d’inclusion, un an de suivi, pour une cohorte de 200 patients) en bénéficiant du soutien financier de la Sécurité sociale. Au terme de l’étude, les bons résultats à un an étaient multipliés par trois. Les autres paramètres se modifiaient peu, si on écartait l’apport de l’investissement au sein du groupe intégratif et de l’association. J’avais sollicité une prolongation de l’étude, en dépit de la surcharge du travail induit, sans obtenir satisfaction. En dépit du soutien du niveau régional de la CPAM, il n’y avait donc eu aucune retombée heureuse de notre action d’évaluation. La masse des perdus de vue serait aujourd’hui rédhibitoire. Plus sérieusement, nous avons acquis la certitude absolue que quel que soit le résultat d’une nouvelle étude en termes de progrès traçables, la réponse des Pouvoirs publics aurait été et resterait négative. Les choix politiques en haut lieu, toutes sensibilités politiques confondues, sont de nature à pérenniser ce qui existe et à s’opposer au bon fonctionnement de nos sociétés : la loi du profit et les logiques bureaucratiques centralisées contre une appréciation intelligente et réaliste de l’intérêt général.

Nous ne devons pas nous laisser abuser par les effets de la novlangue. Par exemple, l’expression “l’intérêt supérieur de l’État” signifie “Choix indéfectible d’imposer le privilège de l’argent et du niveau de vie des élites”, au détriment de ce qui entrerait précisément dans le cadre de l’intérêt général.

Ces propos ont été énoncés avec le sourire et ont abouti à des questions au sujet du livre Ce que nous apprennent les addictions. Marie-Françoise Napoléon l’a trouvé politique et critique, relativement complexe dans la mesure où un certain nombre de développements ne recoupent pas sa pratique professionnelle et personnelle.

J’ai évoqué brièvement le travail autour des vidéos.

Elle nous donnera des références de laboratoires pharmaceutiques susceptibles de nous aider, d’une manière ou d’une autre, pour la diffusion du contenu du Livre bleu et peut-être des vidéos. Au jour d’aujourd’hui, j’en suis arrivé à la conviction que des ouvertures pourraient se faire à partir de personnes ou d’instances de pouvoir ayant gardé un esprit rebelle et d’innovation, y compris dans les secteur libéraux, pourvu qu’ils prennent conscience de devoir combattre la politique de trahison néolibérale, celle du chien crevé au fil de l’eau, à laquelle nous sommes confrontés au-delà des indignations qui font l’ordinaire de l’actualité.

Ce hors-sujet illustre ce qui correspond selon nous à une bonne conversation. Une vingtaine de minutes ont suffi. J’ai l’impression que, très souvent les consultations, relèvent de ce type de conversation.

Quelle place faites-vous dans votre vie à “l’art de la conversation ?