27 janvier 2025

La Consultation confronte quotidiennement au sentiment d’exclusion.

Nous avons la sensation d’une société qui exclue, tout en affichant les intentions contraires.

Ainsi, ces parcours pour retrouver « l’emploi » qui font vivre une machinerie dispendieuse et inefficace.

Ainsi, ces incitations à « l’inclusivité » qui ne règlent rien sur le fond.

D’où vient le sentiment d’exclusion ?

Prend-t-il ses origines dans l’enfance ? On peut relever des affects proches, mais cependant différents : la non-reconnaissance, l’absence de manifestation d’attention exprimée de la part d’un parent, le sentiment d’abandon, la sensation de ne pas être accepté(e) car différent…

Ceux qui le vivent avancent qu’ils sont confrontés en permanence aux opinions catégoriques : « S’ils ne travaillent pas, c’est qu’ils le veulent bien !». Le résultat de ces discours de condamnation, de mépris, et parfois de haine, est d’intérioriser un sentiment d’exclusion reposant sur la honte et la culpabilité, à l’origine de dévalorisation et de dépression. Nombreuses sont les personnes qui se persuadent ainsi qu’elles sont « en trop », qu’elles ne valent rien ; elles n’ont pas de valeur marchande, elles ne sont pas considérées. Elles se replient sur elles-mêmes par peur du jugement, mais aussi parce qu’elles perçoivent les limites intellectuelles des malveillants.

Le sentiment d’exclusion repose aussi sur des réalités. La généralisation du numérique, sans alternative relationnelle, sans formation adaptée à l’usage, crée des masses d’exclus. Chacun est seul devant son écran, malgré les likes et les centaines ou les milliers d’amis. La sur-adaptation au numérique aboutit paradoxalement à un résultat identique. Les gens ne savent plus se parler, se rencontrer, vivre ensemble.

L’alcool est présenté comme produit de rapprochement alors qu’il suscite souvent la non-rencontre et, au final, l’exclusion du groupe d’appartenance, à moins de choisir des lieux et des relations compatibles. L’ensemble des substances psychoactives est facteur d’isolement.

Le sentiment d’exclusion vient également de la conviction de ne pas partager les valeurs du milieu ambiant, notamment celles des « gagnants » autoproclamés, pratiquants de la pensée positive.

Se sentir différent facilite un sentiment d’exclusion, qui peut être dénié ou revendiqué.

L’habitude du « pas de côté » induit un sentiment d’exclusion, que l’on retrouve chez les misanthropes mais également chez des personnes capables d’esprit critique, d’empathie et d’élan vers les autres.

Notre société marginalise beaucoup et les personnes écartées développent en retour un rejet : ils souffrent en société, ce qui pourrait être le sens littéral de « sociopathie ». Cependant, le terme de sociopathe est réservé en psychiatrie à des personnalités sans empathie, indifférentes aux normes sociales et impulsives. Elles peuvent, de ce fait, se marginaliser et s’exclure d’elles-mêmes.

Aujourd’hui, avec les bouleversements technologiques, démographiques, économiques et culturels en cours, de nombreuses personnes se sentent devenues étrangères dans leur propre pays et dans leur propre culture. Ils se vivent déracinés parmi d’autres déracinés venus les rejoindre. Le partage d’une même culture, d’une même éthique et de mêmes gouts atténuent le sentiment d’exclusion. Les mérites du dialogue interculturel sont soulignés, encore faut-il être au fait de sa propre culture.

Le sentiment d’exclusion vous est-il familier ? Si oui, pour quelles raisons ? Quels leviers utilisez-vous pour l’affaiblir ?