Lundi 6 Janvier 2020
La littérature autobiographique privilégie l’image du « Dernier verre » (Olivier Ameisen, le promoteur du Baclofène) ou du « Dernier pour la route » (Livre d’Hervé Chabalier et titre éponyme).
Pour ce début d’année et dans une optique de liberté réfléchie et choisie, nous proposons de dialoguer autour du premier verre.
Nous avons largement déployé nos capacités de persuasion autour de la dangerosité du premier verre pour un sujet devenu alcoolodépendant. Nous avons poussé l’intention pédagogique jusqu’à faire figurer le Bacchus du Caravage sur la série de bouquins publiés chez Erès : un jeune homme au genre incertain tend une coupe de vin à qui veut la prendre.
Dans mon imaginaire, le premier verre m’évoque la tête de la vipère sur laquelle une de mes filles âgée de 3 ans posa par inattention son pied lors d’une promenade nocturne, étourdissant le serpent et le rendant inoffensif, de ce fait.
Quand le premier verre amène inexorablement les suivants puis le retour de la consommation incontrôlée, chez une personne, avec le cortège de nuisances qui s’y rattachent ou une sensation de stagnation, le pragmatisme serait d’écarter à jamais le dit-premier verre.
Parfois, le premier verre est sans conséquence immédiate. Celui qui pratique le jeu de la roulette russe peut s’enhardir à tenter d’appuyer une autre fois sur la gâchette, puisque, après tout, il n’existe qu’une balle dans le barillet. Le premier verre en dédain de ce qui a été évité et de ce qui a été reconstruit ou construit… Alors que la compulsion s’était éteinte, que la confiance et l’apaisement étaient revenus…
L’image du scorpion accepté par la tortue pour traverser la rivière et qui la pique, sur son dos et au milieu du gué : « Ça été plus fort que moi ».
Vous pourrez évoquer, pour cette séance, à quel moment un verre a pris le statut de « premier » et au-delà, quelle rencontre a pris le statut malheureux ou heureux de « premier ». Il est logique de compliquer un peu. C’est le premier lundi de l’année…