Il me revient le refrain d’une chanson d’Eddie Constantine, un chanteur franco-américain, des années 60 : « Dans ce cas-là, je garde mon sang froid… ».
Nous vivons une époque agitée et trépidante et nous rencontrons, à tous moments, des humains « au bord de la crise de nerf ». Les substances psychoactives disponibles sur le marché ne manquent pas d’ajouter leurs apaisements/renforcements spécifiques. La simultanéité des sollicitations quotidiennes et leur caractère anarchique créent un climat de tension. S’ajoutent les problèmes, petits ou grands, prévisibles ou reportés mais souvent inattendus qui perturbent la moindre de nos journées. Nous sommes entourés de personnes anxieuses, dépressives, artificiellement enjouées, mécontentes, parfois dominatrices, inquisitrices, agressives ou tout simplement mal élevées. L’agressivité est l’arme des personnes démunies. Elle est contagieuse comme la peur. Certaines professions y sont plus confrontées que d’autres.
Il est impératif, dans un climat de tension, particulièrement marqué en milieu urbain, de garder, autant que possible, son sang-froid.
Comment y parvenir ?
Chacun pourra exprimer ses difficultés propres et les solutions qu’il a adopté et qui ont fait leurs preuves.
Je vous en livre quelques-unes, telles qu’elles me viennent.
J’essaie, systématiquement, de ne pas me placer sur le terrain de mon interlocuteur. Si j’estime qu’il n’est pas en état de m’écouter et de dialoguer calmement, j’évite l’échange qui n’aboutirait qu’à une escalade verbale, à un affrontement inutile et pénible. Quand une critique m’est faite – n’étant pas spécialement susceptible – j’en examine au calme le bienfondé et je n’ai pas la moindre difficulté pour reconnaitre mes erreurs. Je remercie quand c’est possible mon interlocuteur pour le fond de sa remarque, même s’il y aurait à dire sur la forme adoptée. S’il est susceptible et que j’estime sa critique infondée, je veille à ne pas l’irriter par une remarque plaisante. Quand la critique ne semble particulièrement injuste, je peux la répéter sur le mode interrogatif et ne pas répondre.
En cas de problème inattendu et grave, il est exceptionnel que je réagisse sur le champ. Je laisse l’émotion se dissiper. Je prends la peine de réfléchir aux tenants et aux aboutissants. Si j’ai un doute sur la solution à prendre, je demande l’avis de personnes compétentes et assez disponibles pour m’éclairer.
Ne manquant pas de désirs ni de projets, je rencontre inévitablement des situations de blocage. J’essaie de faire preuve d’imagination et d’opportunisme. Plus la difficulté est grande, plus je suis déterminé. Je sais aussi ne pas m’obstiner quand un problème semble momentanément dépourvu de solution. Je me tourne alors vers une activité ou des personnes plus agréables. Je refuse de me laisser contaminer par « les passions tristes », la rumination, le positionnement en victime. J’essaie de rire de moi-même.
Je ne me laisse pas prescrire les émotions par les autres, par les informations-catastrophes. J’essaie, par principe, de développer un autre point de vue que celui qui m’est présenté comme une vérité inquiétante.
Je préfère user de l’humour plutôt que tout prendre au tragique.
Dernier moyen et non le moindre, j’utilise mon temps de parole et de réflexion en consultation et lors des séances de groupe. L’écriture achève de dépolluer mon humeur en mettant noir sur blanc ce qui m’horripile et mes points de désaccord.