Lundi 13 Juillet 2020
La fatigue d’être soi est le titre d’un ouvrage d’Alain Ehrenberg, maintes fois cité ces dernières années dans la littérature de la souffrance psychique. Il est intéressant de voir en quoi il parle à chacun d’entre nous.
Quels sont les éléments qui peuvent expliquer et justifier cette expression ? Il n’est pas indispensable de lire l’ouvrage pour avoir une opinion sur cette question. Une partie de la fatigue que nous pouvons éprouver est indépendante des actes que nous pouvons réaliser, de leur pénibilité, des efforts de concentration qu’ils justifient et du contexte parfois désagréable et stressant qui est le nôtre.
La fatigue d’être soi est beaucoup plus existentielle. Elle peut apparaitre comme une caractéristique de notre Modernité.
Nicole Aubert, une sociologue, parle de la « tyrannie de la visibilité ». Nous sommes tenus de jouer des rôles, « d’assurer » en permanence. Plus nous sommes sensibles à l’image que nous donnons, plus nous courrons le risque d’éprouver cette fatigue qui consiste à être toujours dans le contrôle. Cette image est en lien avec l’image idéalisée à laquelle nous sommes tenus de correspondre.
La fatigue d’être soi a peut-être d’autres origines liées, par exemple, au sentiment de solitude affective qui peut nous habiter. Elle peut dépendre aussi de l’absence de perspectives, de l’absence de projet motivant.
La Société, ce qu’en disent et ce qu’en montrent les Médias, ne contribue pas à nous donner de l’énergie. La sensation de fatigue à quelque chose à voir avec ce qu’une patiente appelait la « lourdeur de l’air » pour évoquer son mal-être.
L’air devient plus léger quand nous avons certains élans de l’esprit. Le sentiment d’aimer et d’être aimé importe au plus haut point. L’espoir fait vivre, dit-on et donc, l’absence d’espoir, inversement, n’aide pas à vivre. L’espoir est parfois illusoire.
Reste l’espérance, l’altérité et les objets de passion. L’espérance est une qualité spirituelle qui peut s’imposer, malgré l’environnement. C’est elle, en définitive, qui représente le mieux la légèreté de l’air. Encore faut-il lui donner un contenu.
Éprouvez-vous la fatigue d’être soi ? Si oui, quels en sont les ingrédients pour vous ? Dans le cas contraire, quels sont vos secrets ?