Lundi 20 Juillet 2020
Chaque époque génère un ordre moral qui reflète les mœurs et coutumes de la classe sociale qui exerce son hégémonie sur la société. L’hégémonie est d’ordre idéologique. Elle consiste à faire accepter ses références en termes de croyances, de valeurs et de vie relationnelle à l’ensemble de la population. Que sa pratique se distingue pour elle de son discours fait partie du jeu social.
Depuis la venue au pouvoir de la bourgeoisie industrielle, commerciale et rentière, les œuvres critiques, littéraires et cinématographiques, n’ont pas manqué. De tout temps, une forme d’opposition s’est instaurée entre l’imposition des mœurs morales et des règles de conduites associées et leur critique.
Depuis les années 70, la critique intellectuelle a évolué. Dans leur ensemble, les médias ont renoncé à une mise en cause frontale du pouvoir établi. La critique s’est déplacée sur les mœurs des représentants politique, sur leur vie amoureuse et leur train de vie, sur les petites phrases que les élus croient bon de donner en pâture aux journalistes. Peu importent les décisions politiques prises et la façon dont elles pourraient être expliquées.
La représentation politique s’apparente au monde du spectacle. Une des caractéristiques du nouvel ordre moral est ce mélange des genres. La forme l’emporte sur le fond, l’événementiel et la réactivité sur la réflexion et l’explication. De nos jours, un chef d’État a besoin de twitter pour attirer l’attention. Lui et ses ministres doivent se mettre en scène pour tout événement rituel ou inattendu, sous peine d’être sévèrement jugé par l’opinion.
La crise de l’autorité du politique a pour corollaire la montée des revendications catégorielles. La société civile est agitée de soubresauts. Chaque groupe constitué entend imposer son point de vue. Plus il fait de bruit, plus il capte l’intérêt des chaines de TV et des radios, mieux c’est. Internet et les réseaux sociaux constituent des moyens permanents de protester, de s’indigner, de faire la leçon, de menacer et de critiquer. Ce nouvel ordre moral a pour origine sociale, pour l’essentiel, des éléments de la petite bourgeoisie soucieuse de manifester son existence alors même que rien ne semble justifier son intérêt en dehors du problème mis en avant.
C’est ainsi que la société française, du jour au lendemain est apparue composée de racistes et de xénophobes, d’abuseurs d’enfant et d’abominables machistes, brutalisant et violentant des victimes, bien sous tous rapports. L’ordre moral apparait ainsi manichéen : les bons d’un côté, les méchants d’un autre.
Pendant ce temps-là, le déclin économique et politique s’accentue. Les violences et les intolérances s’accroissent. Les zones de non droit se multiplient. Pour les minorités actives, seule compte la cause défendue. La haine, l’intolérance et le dénigrement font bon ménage avec une sévérité à sens unique.
Cet ordre moral est irrespirable comme ont pu l’être les ordres moraux précédents, qu’ils se soient inscrits dans la philosophie libérale ou communiste.
Rapportée à la problématique alcoolique et addictive, l’Ordre moral manifeste sa perversité objective.
Officiellement, il sanctionne les abus d’alcool ou l’usage de substance illicite.
En pratique, il laisse faire à peu près tout ce qui est nécessaire pour garantir la prospérité économique et les impacts politiques des addictions, en se moquant éperdument des dispositions qui pourraient avoir un impact préventif réel.
Avec la population en difficulté avec l’alcool, l’Ordre Moral donne la pleine mesure de ce qu’il représente réellement : l’ignorance, le jugement et la condescendance.
Comment ressentez-vous le poids de l’ordre moral ou, si vous préférez, la tutelle de l’Opinion ?
Quel moyen imaginez-vous pour ne pas en souffrir excessivement ?