04 12-2023
Le thème est une nouvelle fois déduit d’un questionnement de patient.
Il est vrai que nous vivons dans un monde bavard où tout quidam s’estime en droit permanent de s’exprimer en paroles et en actes, sans se soucier spécialement de ceux qu’il blesse ou agresse, sans prendre le temps de réfléchir au caractère fondé de ses propos.
Dans les relations surdéterminées par une addiction préjudiciable, le thème va trouver des traductions concrètes. Le devoir de parler s’impose aux entourages dès qu’à l’évidence une façon de consommer de l’alcool ou tout autre produit d’addiction fait problème. Nous pouvons relever que le devoir de parler disparait quand le groupe d’appartenance consomme de la même façon. Le « festif » donne ainsi le droit à chacun de se défoncer. Le droit de parler sans réserve se vérifie dans un groupe d’appartenance prêt à se défouler au détriment d’un autre groupe individualisé. Longtemps, les usagers de drogues ont manifesté une sorte de supériorité sur les alcooliques rangés parmi les beaufs amateurs de pinard, avant d’opter eux-mêmes pour la 8,6 et la vodka.
Le devoir de réserve porte plutôt sur la manière d’aborder ce qui fait problème : « Papa, je ne monterai plus en voiture avec toi », « Tu devrais faire quelque chose ». « Tu as promis, hélas, une fois de trop ». Une façon de parler efficace serait de laisser faire la sanction du réel ou d’une loi juste. Cependant, force est de reconnaître qu’en ce domaine, certains sont beaucoup plus égaux que d’autres.
Nous vivons des temps extrêmement difficiles, où plutôt qu’un silence lâche ou complaisant, ceux qui savent ou pourraient savoir, ont le devoir de ne plus laisser faire. Se pose donc, la question de l’écriture et du parler pénitentiaires. Comment s’exprimer sans blesser, clairement, quand il est encore temps ?
Comment déclinez-vous, au quotidien, le devoir de devoir de réserve et le devoir de parler ?