Réalisation et scénario : Louis-Julien Petit
Date : 2018
France
Durée : 103 mn
Acteurs principaux :
Audrey Lamy : Audrey, travailleuse sociale
Corinne Masiero : la Directrice de l’Envol
Déborah Lukumuena : Angélique, ex-SDF
Pablo Pauly : Dimitri, le frère d’Audrey
Sarah Suco : Julie, la punk
Noémie Lyovsky : une bénévole de l’Envol
Adolpha Van Meerhaeghe : l’ex-taularde, réparatrice en électro-ménager
SA/ HA
Mots clés : Femmes – Féminisme − Image – Transparence – Société
L’Envol, un centre d’accueil de jour pour femmes sans abri, va fermer ses portes. Ses résultats sont insuffisants pour la Municipalité. Les travailleuses sociales et la Directrice du Centre ne sont pas d’accord. Une résistance s’organise…
L’invisibilité sociale et la problématique alcoolique
Pour celles et ceux qui apprécient Ken Loach et La Part des Anges ou encore les réalisateurs hispanisants et Les nouveaux sauvages, il vaudrait mieux être dispensés d’être confrontés aux Invisibles. Dans la même veine, Rosetta des frères Dardenne avait un souffle différent, avec, il est vrai, une Emilie Dequenne rayonnante dans son rôle de fille de mère alcoolique. Les travailleuses familiales se seront reconnues, prises entre la nécessité de se conformer à la législation et leurs difficultés à aider significativement des laissées-pour-compte. Le film est le reflet de l’idéologie post-politique actuelle, celle de la gestion souffreteuse de la Marge. Faut-il occuper des logements vides en centre-ville ou accepter de rejoindre de belles réalisations modernes pour exclus, à distance des regards et des beaux-quartiers ? Les jeux de rôle ou des séances de maquillage peuvent-ils changer le regard que ces femmes portent sur elles-mêmes ? Quel est le présent et l’avenir de leurs enfants, invisibles dans le film? Qu’en est-il du rapport aux addictions ? Rosetta faisait la relation. Ici, non. Le film est à l’image de la bénévole jouée par Noémie Lyovsky. Il plombe et sonne faux.
Doit-on rapprocher le traitement social de l’exclusion de la prise en compte de la problématique alcoolique ?
La réponse est non et …oui. Les problèmes d’alcool concernent sans exclusive la population, dès l’adolescence. L’ensemble des catégories sociales est affecté. Il serait possible, au prix d’une politique d’accompagnement adapté, de modifier des trajectoires de vie avant que des situations irréversibles ne se créent. Cependant, aujourd’hui et pour l’essentiel, les conditions informatives, culturelles et psychothérapiques n’étant pas réunies, la trajectoire menant à la marginalisation, à sa gestion psychiatrique et/ou sociale, est l’avenir des personnes concernées par l’addiction alcoolique. C’est à chacune d’en prendre conscience et de quitter, dès que possible, la pente savonneuse de la dépendance, devenant, de ce fait, et pour les meilleures raisons, invisible.