16 août 2021
C’est l’été et, à tout prendre, une période, moins polluée et moins fréquentée. L’été donne plus d’air et de silence qu’habituellement, à moins de se précipiter dans les lieux de concentration de vacances. Cette formule de patiente ne fait pas référence à l’encombrement urbain. Elle renvoie à deux besoins vitaux : la libre respiration « intellectuelle », le besoin de silence, pour connaître la tranquillité de l’esprit.
Deux questionnements sont possibles : quels sont les affects, les préoccupations qui nous empêchent de respirer, quels sont les cris et les propos que nous aimerions ne pas entendre ? Comment faire pour préserver notre qualité de vie ? Ces préoccupations cadrent mal, cela va sans dire, avec la persistance d’une consommation d’alcool, mais pas que.
Avec la complicité de Michelle, j’ajoute ici quelques lignes qui viendront compléter le court chapitre consacré aux méfaits du tout numérique.
« Le numérique (au chapitre de l’Avatar numérique, I-7,4)
L’extension du numérique n’a pas donné lieu à un apprentissage adapté aux besoins.
Le numérique a été pensé comme une solution de remplacement exclusive et non comme un choix de commodité.
Des codes d’accès s’ajoutent sans fin, alors que les réseaux sociaux permettent toutes les dérives.
Les instances dirigeantes ont laissé croire qu’une relation virtuelle pouvait remplacer, en toutes circonstances une relation réelle.
Le formalisme numérique a envahi notre quotidien. Il participe à la désorganisation mentale, à l’exhibitionnisme, à la délation, au bavardage généralisé. Il a attaqué nos moments de tranquillité, nos besoins de silence.
Interrogation : Je me demande quels technocrates manipulateurs ont réussi progressivement à nous imposer à tous l'absolue nécessité de ne fonctionner - toutes sphères de vie confondues, sociales, professionnelles, personnelles - que par le biais de l'informatique et de ses exigences (codes d'accès, procédures, langage…). Il faut avoir un esprit malade ou pervers pour penser que l'obligation d'utiliser l'informatique gommerait les disparités sociales, géographiques, chacun devenant, seul dans son coin, un utilisateur compétent et aguerri de l'informatique, un citoyen docile et responsable apte à absorber toutes les compétences indispensables ; comme la carte bleue : "sans contact" !
En consentant à toutes ces directives et nouvelles "règles du jeu", nous sommes devenus des citoyens passifs, inaptes à toute démarche administrative, toute recherche autonome, toute vraie rencontre...
Si nous ne suivons pas les changements incessants imposés par les logiciels, nous devons éprouver la honte qui convient à des attardés. Jusqu’à quand allons-nous cesser de considérer ce qui est devenu un outil de contrôle social, de déstabilisation et d’abrutissement comme l’accomplissement de la démocratie heureuse ? »
Se pose désormais concrètement les moyens de rencontre et d’échange qui complètent ceux permis par un usage basique du numérique à l’heure de la société de contrôle mise en place au nom de notre santé.
Georges a la gentillesse d’animer cette réunion. Ce sera le seul lundi de l’été où je serai absent, profitant, malgré les dictats sanitaires qui affectent les Pyrénées Orientales, de la tranquillité lumineuse de Font Romeu. Je me rendrai, en pensant à vous tous et à nos combats à venir, dans la petite chapelle romane d’Odeillo laissée tout le temps ouverte. L’air pur de Cerdagne complètera le silence les petites routes ou des chemins de randonnée. Il n’y a guère que les ânes et les vaches qui m’interpelleront.
Quand nous n’avons pas la chance de fréquenter ce type de lieu inspiré, nous pouvons gagner en silence, accompagné par une musique qui le remplit (une faible pour Vivaldi) ou par la découverte d’une bon livre (pas très facile à trouver, ancien s’il le faut). Il est des présences qui apaisent, tel le jeu des écureuils dans le cerisier ou un enfant qui marche en se racontant une histoire ou en jouant sans besoin de personne.
Nous manquons d’air et de silence quand nous ne parvenons pas à faire la paix en nous, quand les idées s’entrechoquent, quand le doute ou la colère nous torture, quand nous acceptons d’être pollués par le bruit et la fureur du monde qui s’étale sans vergogne dans les journaux d’information.
Je peux mal respirer face au silence des corps constitués et des élites, face aux aveuglement, devant le drame social qui se joue sous nos yeux.
Manquez-vous d’air et de silence ? Qu’est-ce qui vous empêche de bien respirer et d’écouter le silence ?